OCEAN - 18 Mars 2010

Retour sur cette interview faites le 18 mars 2010  d'un OCEAN nouvellement reformé, Merci à Pascal "SHARKY" LANDAIS pour ses corrections ;-)

Un ami commun, Gérard MOTTEE (TNT, STRATAGEME) nous ayant présenté lors d’un concert auquel nous assistions tous deux, j’avais eu l’opportunité de discuter longuement avec Georges BODOSSIAN, guitariste fondateur du combo, qui m’avait aimablement proposé de venir voir le groupe en répétition puis de discuter avec l’ensemble des membres de cette « nouvelle » formation.

La découverte de l’ambiance régnant dans la salle de répète et l’attitude des musiciens en disait déjà long sur le caractère réel de ce groupe. Une atmosphère  bon enfant, décontractée, Alain, Georges, Stef et Marcel discutant avec nous tout en préparant leur matos, la complicité et le plaisir que chacun prenait manifestement à jouer était particulièrement communicatif. Un vrai groupe et non une réunion de requins de studio visant un coup d’un soir, un combo agréable à voir jouer. Impression qui s'est d'ailleurs vérifiée puisque 10 ans après, OCEAN est toujours là, après un nouvel album particulièrement réussi.

 

C’est donc après cette répétition que nous nous installons pour une interview décontractée comme on aimerait en faire plus souvent.


Gilles : Pouvez-vous me parler du nouveau line up, de la façon dont celui-ci s’est mis en place ?

Georges : J’en ai d’abord parlé avec Alain qui a tout de suite pensé à Marcel. Cela fait un bout de temps qu’on le connaît et on l’a donc tout de suite contacté. Au début on ne savait pas très bien ce que l’on voulait faire, on voulait une équipe ... Une famille en fait.

Marcel : Et puis c’était l’été, il faisait beau.

Alain : Et c’est là où on s’est trompé.

Georges : Ouais c’est là ;-)) En fait Marcel faisait partie de la famille depuis longtemps et connaissait OCEAN depuis les débuts et ...

A : ... C’est un boulet ;-)))

G : ... Voilà.

M : C'est-à-dire que nous deux (Ndr avec Alain) on se connaît depuis l’école, depuis la 4ème.

G : Ils habitaient dans la même rue ... etc. ...

M : On ne se perd pas de vue quoi, 40 ans de PACS ça crée des liens.

G : Et puis il a des sacrées qualités quand même.

A : Mais y’a pas que ça.

G : Marcel est hyperactif, il chante, joue de la guitare, de la basse ... Il est terrible.

A : ... Et il parle fort

G : Donc le choix était évident, c’est avant tout un pote, il fait partie de la famille et en plus il est bassiste.

M : Ils m’ont pris avec toutes mes tares quoi ! Disons que j’ai donc eu un gros coup de piston.

G : Voila ! Et puis après il y a eu la difficulté de trouver la pièce maîtresse. La pièce maîtresse c’est le chant, et le chant c’était Robert BELMONTE,, et il n’est plus là. Ce n’était pas du tout évident ...

M : C’est dur, très dur.

G : Il nous fallait donc trouver un porte drapeau, ce n’était pas évident, on a organisé des auditions, il y a eu du monde. On savait que ce n’était pas un truc facile car les chansons ont été faites avec et pour Robert, c’était un peu un costume sur mesure car Robert a mis beaucoup de lui-même dedans, tout a été fait ensemble.
Stef est arrivé par l’intermédiaire d’un copain, Fabrice TROVATO (Ndr : actuel batteur de Still SQUARE, DEADLINE, TRENTE, ex HOLSTER), qui un jour m’envoie un mail et me conseille de l’essayer. Stef est donc venu, il connaissait les trois morceaux, les avait travaillés et quand on a lancé les premiers accords d’ « Aristo », on s’est regardé avec Alain et Marcel et on a trouvé qu’il y avait quelque chose de proche.
On a quand même continué les auditions pour entendre les autres chanteurs qui avaient postulé et on s’est revu un mois plus tard, histoire de passer un après midi ensemble et on a trouvé que c’était possible, on avait un peu l’impression de le connaître depuis longtemps et on retrouvait le coté familial qu’on recherchait.

M : Mais toi Gilles tu l’avais déjà écouté avant où tu découvrais sa voix aujourd’hui ?

Gilles : Je suis allé voir sur You Tube des extraits de son projet solo et je connaissais un peu TRENTE. C’est assez étonnant car la façon d’attaquer la voix en répète avec OCEAN est très différente de ce que j’avais entendu dans le cadre des autres groupes. J’apprécie sa façon personnelle d’aborder les titres tout en respectant l’esprit et l’énergie que Robert leur avait insufflés.

Stef : C’est du à un esprit de groupe en fin de compte, où j’étais avant on voulait sonner plus rock mais on avait peut être plus l’esprit. On composait mais on travaillait plus sur la compo que sur l’énergie, ce qui fait qu’au bout du compte cela devenait de la chanson, et il n’y avait pas de raison de gueuler sur ce type de compo. La flamme s’est étouffée petit à petit.

G : C’est vrai que la différence est étonnante. Mais quand Fabrice m’a donné le lien vers le MySpace de Steph je suis tout suite allé voir TRENTE et ce qui m’a plus c’est qu’ils ont fait des scènes importantes, LE PLAN, le NEW MORNING, le NOUVEAU CASINO ... Avec des premières partie tels que GREAT WHITE, Mike TRAMP (WHITE LION, FREAK OF NATURE ...), ce qui impliquait une certaine aisance scénique.

Gilles : Steph, tu as donc été précédemment chanteur de TRENTE et travailles sur ton projet solo, peux tu nous dire quelles sont tes principales influences ? Quels sont les chanteurs t’ayant le plus influencés ?

S : Plus que des influences précises, j’accroche à un concept, j’aime la scène, faire un show ... tout ce qui fait le Rock N’ Roll. Dans ce cadre, j’aime bien QUEEN, coté plus hard j’aime bien MOTLEY CRUE pour leur shows, musicalement ce ne sont pas toujours des fins limiers mais sur scène ça envoie grave.

M : Le jour où les mecs de MOTLEY vont venir te récupérer à la sortie d’une répète, tu va morfler toi ;-))

S : Je veux dire que j’aime quand il y a un vrai show sur scène, que ça envoie et que tout le monde participe, que tout le monde saute ... Après, c’est une histoire de feeling et de chansons, si tout le concert ressemble à un slow ça n’a plus rien a voir avec le Hard Rock.
Ensuite, il y a plein de groupes que j’aime bien, les WHO, REMY ZERO ... c’est surtout une question d’énergie et de sensations.

Gilles : En parlant de sensations, comment ressens tu le fait d’avoir intégré OCEAN ? De quelle façon as tu choisi d’aborder le répertoire ?

S : Pour bosser OCEAN je n’ai rien écouté pendant 4 mois et me suis canalisé sur le travail des chansons. Les albums d’OCEAN m’ont donné la base de tout le boulot.
Au tout début j’essayais d’être dessus, de calquer tout ce qui avait été fait, et je me suis aperçu que, déjà, c’était très dur et que, de plus, ça ne me laissait pas beaucoup de champ pour m’amuser. Après, il a fallu qu’on répète beaucoup pour s’habituer à ma voix et à ma façon de déconner avec le micro, de jouer ensemble ... Et maintenant, quand je chante ces chansons, j’ai l’impression qu’elles m’appartiennent, ou plutôt que je les ai louées.
Je ne remplace pas Robert BELMONTE, je m’amuse avec le groupe, on fait du Rock ensemble et c’est le principal ...

M : C’est vraiment le principal, s’amuser.

S : ... Et il y a l’énergie surtout, je ne veux pas devenir un chanteur disant « j’ai fait des trucs super il y a 20 ans ». Je veux jouer tout de suite et m’amuser maintenant. Tout est vraiment une question de feeling.

Gilles : Georges, dans une interview précédente (ROCK HARD 23/11/2009) tu évoquais ton envie de faire un nouvel album, de nouveaux titres ... les répétitions ont elle confirmées cette envie ?

A : On en parlait hier,

G : Il faut déjà qu’on fasse quelques concerts pour voir ce qu’on va ressentir mais déjà ce qu’on ressent en répétition, ce sont des bonnes choses, des bonnes vibrations.. Je disais hier à Alain que j’ai l’impression de retrouver parfois ce qu’on avait avant ...

M : Quelque part, des fois, je trouve même ça mieux.

A : Oui, dans le vécu on n’a plus les même stress qu’il y a 20 ans, à l’époque on était parfois dans des stress gigantissimes alors que, maintenant, je pense qu’on peut arriver à faire quelque chose en étant un peu moins stressé.

G : On s’amuse beaucoup alors c’est vrai que, si on retrouve les même bonnes vibrations avec le public, ça nous donne envie de refaire quelque chose et on se dit que ça vaudrait le coup d’aller plus loin et de donner une suite à cette reformation, mais il faut d’abord qu’on passe par les concerts, on a besoin de sentir les réactions du public. Pour le moment, j’ai envie de retrouver le plaisir d’être sur scène et de jouer, la niak que ça te donne permet d’intégrer ensuite ça au niveau créatif, mais l’envie d’aller plus loin est là aussi.
C’est avant tout pour nous une histoire d’amitié, de famille et c’est vrai qu’on aimerait avoir un prochain bébé qui imprime notre histoire d’aujourd’hui mais, pour ça, il nous faut un peu de temps..

Gilles : La Set List du groupe reste-t-elle concentrée sur l’album de 1982 où d’autres titres sont ils envisageables ? Peut-on espérer entendre des compos tels que « Joue » ou « Où et quand tu veux » ? Prévoyez-vous quelques covers ou s’agira-t-il d’un show 100% OCEAN ?

Georges : On y a pensé avec Alain car ce sont des titres qu’on jouait à l’époque et c’est marrant parce qu’on les a redécouverts en même temps, on a bien envie de rejouer certaines autres compos, mais, dans un premier temps, on a eu envie de jouer la carte de l’impact car il est clair que certains se demandent si on arrivera encore a jouer des titres tels que "Rock N’ Roll", "Aristo" ... En ce qui me concerne je suis rassuré sur ce point parce qu’aujourd’hui quand on les joue j’ai l’impression que c’était hier.
Des covers ? Pourquoi pas ? On a pensé a des choses mais cette idée là il faudrait qu’elle vienne de Stéphane, que ça lui corresponde ...

Stef : Et il faut que ça corresponde aussi au groupe et, comme on a un écart au niveau de nos influences, il faut qu’on arrive a trouver un juste milieu, que ça colle au show puisque la reprise serait sûrement jouée à la fin et qu’il ne faut pas qu’il y ait une perte de vitesse et d’énergie a ce moment. On va la trouver mais c’est laborieux, et il faut qu’elle nous plaise mais que les gens participent aussi ...

G : Ca viendra sûrement naturellement.

Gilles : OCEAN est un pionnier du « rock dur », pour reprendre l’encart de la pochette du "A Live + B", cette image de vétéran du Hard vous semble t‘elle positive ou négative, comment la ressentez vous ?

G : Monsieur GOUILLARD, on te laisse répondre.

A : prrrrrrrrrrrrttttttttt (éclat de rires du groupe et de ma photographe à la vue de la réaction d’Alain), ça fait 30 ans, on parle d’un truc qui a 30 ans donc c’est pas l’idéal comme situation. L’idéal serait de se trouver 30 ans en arrière car, là, on se retrouve avec 30 ans de décalage ce qui est un peu casse burnes quoi !

Tu penses donc que c’est plutôt négatif ?

A : Négatif par rapport à notre âge, oui ! On serait mieux et plus confortable si on avait 30 ans de moins. Je ne suis pas fan des retours de vieux groupes, c’est parfois pathétique ou chiant. Pour moi c’est ni positif ni négatif, c’est juste une question que je me pose, que peuvent penser des gamins de 15 ans qui découvrent notre musique. Je pense que notre position n’est pas la plus favorable au niveau de la « vieillesse » du corps, au niveau de l’acquis en revanche c’est bon.

...D’après ce que j’ai vu lors de la répète il n’y a pas de soucis à se faire, vous ne faites pas cacochymes, ça envoie toujours grave...

A : Qu’est ce que tu en pense Georges ?

G : Je pense qu’en effet il y a ce décalage là mais qu’on a quand même un avantage : c’est que, au-delà des dénominations qui ont pu évoluer, on garde un dénominateur commun qui est le Rock N’ Roll et je ne pense pas que nos chansons aient vieilli, c’est clair qu’on peut se dire « physiquement ouais les mecs sont vieux » mais pas que la musique elle-même ait vieilli.
Je vais te prendre l’exemple de mon fils, il a aussi un groupe « FISHBONE ROCKET » et quand il entend OCEAN il ne trouve pas ça vieillot, justement à cause de l’importance des racines Rock N’Roll. En revanche, peut être qu’en entendant « God’s clown », qui est plus dans le contexte rock progressif, on peut trouver que ça a vieilli, mais si on prend « Qu’on me laisse le temps » aujourd’hui, je ne pense pas qu’on puisse se dire que ça a 30 ans, de même pour « A force de gueuler » ou « Attention contrôle » ...

Avec « Attention contrôle », tu es en plein dans l’actualité avec les débats sur la vidéo surveillance.

G : Je manque peut être de recul mais je pense que si tu mets ces titres dans les pattes de mômes de 25 ans, les titres n’auront pas l’air d’avoir 30 ans. C’est un sentiment que j’ai mais peut être que je manque de recul ? Je pense que pour la scène on en a sous le pied, l’essentiel c’est quand on se regarde jouer, dans les yeux de chacun on a tous du plaisir, on ne fait rien par effort, on est là et on se laisse transporter par ce qu’on fait. Maintenant, ce qu’on fait ça n’a rien d’extraordinaire, c’est simplement un moment de musique, un bon truc et si on le sent bien nous je pense que les gens vont le sentir.

Merci beaucoup à vous de nous avoir reçus, plutôt que de poser une dernière question je vous demanderais de conclure vous-même cette interview ?

Marcel, approuvé par tous : ... Mais moi j’m’en fous ... je fais toujours du Rock N’Roll !