Par Gilles de Troy

22 avril 2017 - HARD ROCK LUNA FEST de Maubeuge

 

Affiche LUNAFEST

Avoir l'occasion de voir sur une belle scène et dans une vrai salle un groupe de Metal est désormais rarissime en France. Peu d'organisateur s'y risquent du fait notamment du manque de réactivité du public français, souvent trop occuper à regarder « les chtis en HP » et à se plaindre de cette merde qu'on leur impose pour bouger un peu leur fondement et voir des groupes « vivants » et dans des lieux à taille humaine où on peut rencontrer les musiciens dans un cadre vraiment sympa.

Pas facile non plus pour un groupe de tourner dans de bonnes conditions, tant pour les musiciens que pour le public.

Ces problèmes récurrents ont été compris par quelques passionnés qui se bougent pour sortir de la classique excuse bidon du metalleux du dimanche « bin c'est po ma faute si la France est po un pays Metal (ou Rock,!heavy ... l'argument est toujours le même). C'est le cas de ROZZ qui, plutot que de mendier une date mythique dans un bar de Zac ou de chercher quelques groupes de faire valoir pour « briller » tristement, a pris l'option de risquer l'organisation d'un vrai festival, avec des groupes offrant qualité et authenticité.

La Luna est une salle vraiment superbe, apte à accueillir 2000 headbangers , la scène est elle aussi de belle taille, offrant un espace d'expression idéal pour un groupe prêt à tout donner. Le matériel mis à disposition par OK SON est à l'échelle de ce festival ambitieux.

Quant je vous parlais de groupe prêt à tout donner, VOLTRAGE en est une parfaite illustration, ce jeune groupe franco-belge, aux racines solidement ancrées dans le Hard & Heavy des années 80 , a laché les chiens dès la première seconde, occupant l'espace comme des pros. Un chant qui évoque un subtil mélange de Bon SCOTT (AC/DC), Marc STORACE (KROKUS) et Angry ANDERSON (ROSE TATOO) sur une musique héritière des GUN'S, CYNDERELLA, MOTLEY ... bref du très bon Heavy Glam à l'américaine mijoté à la sauce kangourou. Un début de festival plus que prometteur.

Cerise sur le gateau, VOLTRAGE proposait son CD à prix libre au bar de la Luna. Je me suis donc haté d'en acheter un.

Les hollandais de SEVEN THIRTY (Seven Thirty signifie en argot « dingue », « hors de controle », en référence au code désignant les patients instables dans les hopitaux psychiatriques anglo saxon) nous délivre ensuite un set mélant Hard Rock N' Roll d'influences australiennes et Heavy à l'anglaise. Le power trio, certes moins visuel que ses prédecesseurs, s'avère tout aussi efficace avec ses compos à la fois classiques et originale. Avec ces deux premiers show, la barre était placée haute pour les suivants, les américains de CAGE.

Je ne connaissais CAGE que par quelques titres studios déjà convainquant et était curieux de les découvrir en live. Dignes héritiers de JUDAS PRIEST, le groupe en reprend les codes scéniques et ne cherche pas à masquer ses influences, les compos sont solides et variés, le show est parfaitement rodé tout en gardant une vrai spontanéité, ces gars sont là pour se faire plaisir et faire plaisir au public.

Le chanteur est un véritable phénomène, aussi à l'aise dans les suraigus que dans les mediums/basses, il enchaîne les vocalises les plus périlleuses avec une facilité apparente se permettant de monter une note jusqu’à être raccord à celle de la guitare solo ... ce mec est à coup sur un mutant ou un alien. Quant à ses acolytes, tous sont excellent, avec un sens du gimmick à toute épreuve ... en bref, si vous êtes fan de JUDAS PRIEST ou de JAG PANZER , foncez vous procurer la discographie de CAGE et, si vous avez la chance qu'ils repassent en Europe, allez les voir en live, c'est une véritable claque que vous prendrez.

Passez derrière le concert de CAGE est à peu près l'équivalent de passer derrière Attila pour replanter le gazon. Il fallait donc une sacré dose de Cojones à ROZZ, à la fois groupe local et organisateur du festival, pour relever le défi, d'autant que, contrairement à ce que pratique parfois certains groupes peu scrupuleux, tous jouaient avec les mêmes conditions techniques avec un soucis de mettre en valeur chaque participant et que tout le monde passe un bon moment.
Après un moment d'adaptation lié au changement de signature vocale et à des interprétations très différentes des titres que Jean-Pierre avait fortement marqué de son style, force est de constater que son successeur a su mettre sa patte tout en respectant l'esprit de ROZZ, Un forte présence sxénique offrant un point commun évident entre le « petit nouveau » et le chanteur historique.
Je découvrais également sur scène Lita, nouvelle bassiste du combo. Malgré une quasi absence de son lors des 2 premiers titres, la jeune musicienne a parfaitement assuré le show et démontré une parfaite maitrise de la scène. Le retour de Stef MOULIN derrière les futs est aussi un sacré plus pour ROZZ, outre un jeu impeccable, son solo de batterie façon son et lumières est un grand moment du concert. Marcel tient avec ce line up une formule gagnante et semble s'éclater sur scène, malgré la pression de l'organisation d'un festival de ce niveau. Du grand ROZZ pour un grand festival.

Restons dans la sphère française avec un groupe mythique du French Metal, les pionniers du Hard Rock francophone, OCEAN. Le quatuor occupe d'emblée l'espace de cette très grande scène de la Luna. La rythmique de « la Haine » résonne, les titres s’enchaînent, principalement issus du dernier album, le gang de Georges BODOSSIAN assure un show exemplaire, sans temps mort ... une pure leçon de Hard Rock.

Dernière surprise de la soirée, les allemands de BONFIRE qui ont réussi à battre une performace scénique qui me semblait inégalable, pour ceux qui se souviennent du pitoyable « come back » de TEARS au PMFF V (2 petits titres et puis s'en vont), BONFIRE réussi à faire pire en ne montant carrément pas sur scène aux motifs :

- Que leur séquenceur leur aurait été volé et qu'il ne leur était pas possible de jouer sans (moi qui pensait avoir affaire à un groupe de Metal capable d'assurer en live, autant embaucher un groupe d'electro), ce « vol » était d'ailleurs plus que surprenant compte tenu de l'excellente sécurité du fest.
- Que le batteur était bourré : cuite expresse puisque ce dernier était tout à fait en état de jouer 10 minutes avant et en rentrant à l'hotel.
Ce BONFIRE s'est donc avéré n'être qu'un bûcher des vanités, le genre même de groupe, et surtout de leader (le chanteur était lui prêt à monter sur scène sans problème ainsi qu'une partie des musiciens) dont le monde du Metal se passerait volontiers mais qui aura ce jour battu le records du ridicule ... et de la malhonnêteté.

Malgré cette défection de dernière minute, ce premier LUNA FEST fut une totale réussite artistique, bravo à Marcel de ROZZ pour son organisation et aux groupes (ceux qui ont eu les Cojones de jouer) pour leurs excellentes prestations, un modèle de festival qu'on aimerait voir plus souvent.